21 mars 2006

Trois balcons et un piano

C'est certainement un problème d'organisation, ou un truc en rapport avec la gestion des priorités, toujours est-il que je ne suis pas un modèle de régularité pour l'alimentation de ce blog. C'est vrai qu'il y a le boulot, les amis, l'être aimé, les cuites de milieu de semaine... tout un tas de choses qui sont, n'ayons pas peur des mots, terriblement chronophages. Sans compter que mon domicile adoré n'est pas pourvu de connexion sur le www. En revanche, et pour mon plus grand plaisir, il est doté de trois formidables petits balcons qui surplombent le boulevard du haut du 6° étage. L'année dernière, pour les beaux jours du printemps, j'ai fait l'acquisition d'une table pliante et de deux jolies chaises bleues pour meubler celui du milieu. Et dimanche dernier, parce qu'un soleil timide daignait y pointer quelques rayons, j'y ai remis le couvert pour un brunch des plus agréables. C'est à marquer d'une pierre blanche : dimanche 19 mars, premier déjeuner terrasse de l'année! Il en faut de l'imagination pour se sentir au milieu de l'espace, la veille du printemps, en plein centre de Paris. Mais là je dois dire que c'était le pied.
J'ai beau me trouver à l'étroit, parfois, dans mes 20 petits mètres carrés, il faut admettre que les balcons, ça compense bien. Ca me donne envie de faire comme cet idiot de DiCaprio à la proue du Titanic en gueulant "I'm the king of the world !!!!". Mais de l'autre côté de la balustrade, il y a le vide et j'ai un vertige d'attraction que je ne souhaite pas titiller. Ce monde cruel me va très bien, j'ai pas envie de finir étalée comme une crêpe par terre, merci.

Ca fait donc du bien de souffler un peu sur son balcon, un dimanche matin, et de profiter des derniers rayons avant la pluie. Et avant d'aller travailler tout l'après-midi. Ben oui. Encore un week-end qui n'en était pas vraiment un, si on admet qu'un week-end se définit généralement par un arrêt temporaire de travail qui revient tous les cinq jours. En même temps, est-ce que j'ai le droit de me plaindre ? J'ai eu la chance de signer un CDI à 24 ans, que du bonheur ! Ouais... parfois je me dis qu'il y en a quelques uns qui se plaisent à prendre tous les autres pour des cons. Et sans s'en cacher. C'est sûrement pas une nouveauté tu me diras, mais j'ai pas toujours été là pour le voir.

Le voisin du dessous répète son piano. C'est pas comme s'il répétait vraiment son piano, en faisant gentiment ses gammes, parce que le voisin du dessous est concertiste. Un professionnel. Parfois il répète avec son pote le violoniste et là c'est encore un "pur moment de plaisir intense". Mieux que quand tu te laves les cheveux avec Herbal essence. Je veux dire, ça fait longtemps que j'ai arrêté d'apprécier la première gorgée de bière comme quelque chose de magique, parce que la première appelle trop vite la deuxième et que je n'ai pas le temps de me rendre compte à quel point c'est bon (et pourtant il a raison Philippe, parfois c'est jouissif, vraiment). Alors mes trucs à moi, c'est le premier déjeuner sur le balcon et le voisin du dessous qui répète son piano.

Un jour dans mon 20 mètres carrés, je poserai un piano tout neuf, avec un vrai système numérique dans les tripes, et ce jour là ce sera encore meilleur que quand j'ai installé ma table et ses deux chaises assorties sur mon balcon du milieu.