24 mars 2006

La malédiction de la femme

Samedi dernier dans mon poste de télévision ( bah oui... cf post précédent...), Ardisson recevait un invité qui s'est fait remarquer en disant des conneries. Bon, c'est sûr, jusque là rien de nouveau. Sauf que le mec en question, il est allé un peu plus loin que la connerie. Je ne suis pas féministe, on me dit même parfois que je suis mysogine (je le fais exprès, ça passe mieux si c'est une fille). Mais le Eric Zemmour là, il y est allé un peu fort avec son "Premier Sexe". J'admets que profiter d'être sur un plateau télé pour bousculer la bienséance consensuelle, ça peut être marrant, qu'il y a forcément du bon à affirmer des choses que personne n'ose dire, que c'est couillu (tiens, justement) de mettre à l'agenda médiatique un vrai bon sujet de société.
Bon. Mais à la base, dire que la société se féminise, ok, c'est pas un scoop. En effet, il y a de quoi débattre sur le sujet, et c'est vrai qu'on subit parfois comme un héritage mal assumé certaines luttes féministes (très) mal menées. La féminisation des hommes, tout comme la masculinisation des femmes, c'est sûr que c'est pas une solution, sauf à atteindre une égalité homme-femme marchandée au milieu, et qui ne ressemble à rien. Ce qu'il nous faut au fond c'est une égalité homme-femme à géométrie variable (pas sûre que ce soit mathématiquement possible), dans le sens où chacun s'y prend comme il le veut par la suite, mais avec les mêmes choix à la base.
Alors faire de la féminisation de la société, comme le fait Monsieur Zemmour, une des explications fondamentales du "mal français", ouais... c'est sûr, ça va faire parler dans les chaumières. Le chômage, la violence dans les banlieues, l'antisémitisme, la démission parentale, tout ça c'est la faute de la montée en puissance des femmes dans la société !!! Ben oui... fallait y penser. Et puis l'homosexualité aussi, parce que c'est vrai que comme le chantait Régine "les femmes, ça fait pédé".
Et puis allez, tant qu'on est sur la lancée, on en rajoute un coup en sortant cette théorie qui à mon sens relève davantage du fantasme que du génie : "L'alternative pour un homme, c'est soit de respecter une femme, soit de la désirer. Un homme ne peut pas avoir de libido pour une femme qu'il admire." Ok, la maman et la putain, oui, oui, je vois bien ce que c'est. Mais je suis pas sûre qu'on progresse beaucoup là.

Je vais pas en parler sur des lignes et des lignes, d'autant que j'ai pas lu le bouquin. Voilà plutôt un extrait. Ca calme.

"C'est tout le paradoxe féminin.

Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose; elles votent à gauche quand la Révolution est finie; elles deviennent un argument de marketing littéraire quand la littérature se meurt ; elles découvrent le football quand la magie de mon enfance est devenue un tiroir-caisse.

Il y a une malédiction féminine qui est l'envers d'une bénédiction. Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n'inventent pas, elles conservent. Elles ne forcent pas, elles préservent. Elles ne transgressent pas, elles civilisent. Elles ne règnent pas, elles régentent. En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s'interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. Ils se contentent de conserver.

On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de sa population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans; de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais - ou on n'ose jamais songer - à sa féminisation."

"Ben ouais les filles, c'est bien gentil tout ça, mais vous êtes arrivées à la bourre à chaque fois avec vos victoires de pacotille, vous êtes complètement à côté de la plaque, et vos idées de consensus, de paix et de boîtes de conserve, ça nous emmerde, c'est votre truc à vous ça !" Ok, je vois très bien ce qu'il a voulu dire, et pourquoi pas, le problème c'est que c'est très mal dit. Tellement que ça en devient bêtement macho.

En réaction je vais monter une asso pour la promotion de l'homme objet. J'en connais quelques uns qui sont d'accord pour être des objets sexuels. Héhéhéhéhé.