23 mars 2006

L'espace

Il faudrait que je finisse ce bouquin. Ca commence à faire des mois que je suis dessus, et j'en ai déjà lu trois (petits et faciles, certes) entre temps. Pourtant, l'histoire "de la décomposition d'un être fait pour être aimé", c'est plus que séduisant. Ca me parle. D'ailleurs le livre me plait et je suis enfin arrivée dans les 60 dernières pages (celles où la décomposition opère). Mais c'est dingue le temps que ça m'a pris. Peut-être que je n'ai pas suffisamment de temps à passer dans les transports en commun. Peut-être que des phrases comme "Les wagons du funiculaire sont construits selon une obliquité similaire à celle du chapeau d'un homme qui ne veut pas être reconnu" m'ont laissé dans un abîme de perplexité, duquel j'ai mis trop longtemps à me sortir. Peut-être (et c'est je crois la théorie la plus raisonnable), peut-être que mon appartement est trop petit, ce qui fait qu'inévitablement ma télé est trop proche de mon canapé et que les soirées seule chez moi où je devrais prendre du bon temps de lecture finissent invariablement en plateau-télé... Appauvrissement culturel contre temps de cerveau disponible. Ca me fait pas marrer de participer à ce système. J'aurais jamais dû prendre cette télé. Mais les premiers jours chez moi, il y a maitenant plus de deux ans, dans ce qui a été mon premier appartement à moi toute seule, après des années de collocation ou de vie à deux, ces premiers jours là ont été un peu durs. J'ai commencé par m'acheter une radio. Parce qu'au départ je n'avais même pas de musique et ce silence là était totalement ingérable. Et puis c'est vrai qu'il y a eu un soir ou deux où je me serais bien reposé les neurones devant un bon navet pour ménagère de moins de 50 ans. Ben oui, j'en suis après tout. C'est là que mon collègue, voyant ma mine dépitée après tant de nuits de solitude, m'a proposé gentiment de me prêter une petite télévision dont il ne se servait plus. J'y ai mis un cintre dans le dos en guise d'antenne, la réception est tellement bonne qu'on dirait qu'elle était faite pour chez moi. Et puis voilà. Maintenant les deux meubles les plus importants de ma "pièce à vivre", c'est le canapé-lit (le seul endroit pour s'asseoir chez moi, à part les chiottes) et ce poste de télévision.

Ce qui m'amène à la conclusion que voilà : il me faut déménager. C'est vrai que je les aime mes balcons, mais j'ai
aussi besoin d'espace à l'intérieur de chez moi. Et puis le balcon, je le pratique pas tous les jours non plus. Je voudrais un bureau où poser mon ordinateur pour écrire dessus, si l'envie me reprend. Je voudrais pouvoir changer mes meubles de place à chaque printemps, comme je le faisais dans ma chambre d'enfant. Je voudrais juste quelques mètres carrés de plus, aussi, pour pouvoir y mettre la piano que je souhaite m'offrir depuis 6 mois. Je suis victime d'une idée du confort qui me laisse croire que j'en ai besoin pour créer. Pour faire autre chose que cocooning-bouffe-télé. C'est vrai que cet appart m'avait plus, outre les balcons, parce que la cuisine y ressemble à quelque chose, avec un vrai plan de travail. Et la cuisine c'est important pour qui aime cuisiner. Mais je vais encore faire un caprice : je voudrais une cuisinère à gaz parce que c'est pas possible de faire cuire des pâtes sans que l'eau déborde de partout en bouillonnant sur les bords des plaques électriques. Et les pâtes fraîches, quand même, c'est ce qui va le mieux avec l'osso buco. Et pour avoir tout ça, je suis prête à renoncer à la baignoire. L'été j'irai me baigner dans la mer, c'est plus grand.