20 avril 2006

La poule

Mon premier souvenir d'enfance, c'est une poule qui m'a mordu le doigt à travers le grillage qui séparait notre jardin de celui de la vieille voisine à barbe. Je veux bien admettre, maintenant, qu'elle ne m'avait pas réellement mordu le doigt et je crois que cette précision ne mérite pas plus d'explications, parce que tout le monde sait que les poules n'ont pas de dent. Mais à 3 ans à peine, je ne pouvais pas en être sûre. Ce qui était réel, en revanche, c'est que ça m'avait fait mal. Et que j'ai pleuré. Et que je suis restée un bon moment, là, le doigt blessé en l'air, dressé comme l'évidence que cette poule avait une dent contre moi. De l'autre côté du grillage, elle était dans le camp de l'ennemi. Et quand on mesure moins de 80 centimètres, une poule peut constituer un ennemi de taille.
Mais qu'allais-je donc chercher en glissant prudemment mon index entre les losanges de feraille, pour l'approcher de son curieux bec jaune ? C'est vrai que c'est intriguant, avec ces deux petits trous pour respirer... alors cet apendice était-il son nez ou bien sa bouche ? Je ne peux pas être certaine, aujourd'hui, que c'était là les questions qui me taraudaient au moment où je m'aventurais dangereusement vers cette prise de bec. Toujours est-il que la poule m'a mordue et que j'ai pleuré et que cette anecdote constitue mon premier souvenir.
Alors j'espère juste, si banale soit cette histoire, qu'il s'agit bien de mon souvenir. Car il est très probable qu'on m'ait rapporté plusieurs fois cet épisode de mon enfance. Comment savoir désormais s'il ne s'agit pas plutôt de ma première formulation d'un souvenir ? C'est certainement l'histoire que je raconte depuis le plus longtemps que je me souvienne lorsqu'il s'agit d'évoquer un premier souvenir. Sans doute qu'à 6 ans déjà, je la racontais. Si tout me paraît si précis aujourd'hui, la configuration du jardin, la couleur de la poule, le visage de la voisine, c'est peut-être parce que je me raconte cette histoire depuis plus de 20 ans.
Mais on a eu beau me relater l'anecdote du piment que j'ai croqué sur le marché au Maroc à 2 ans et demi et qui m'a fait hurler de douleur, je n'en ai aucune vision précise. Alors que je le raconte volontiers tout autant, dès qu'on aborde une conversation affreusement banale sur la nourriture épicée.
Alors cette poule pourrait bien être mon premier vrai souvenir.

Ah... si tu savais Marcel, ce que je te comprends !...

4 Comments:

Blogger The Spooner said...

Dire que je ne t'ai pas encore écrit et que je me suis permis de venir à la hussarde manger les graines dans la main comme un cheveu sur la soupe, c'st inamdissible. Eh tiens puisque nous sommes si proche du we et que comme d'hab il est syndicalement, humainement, psychologiquement, moralement, physiquement, improbable, que je me remette à travailler, je vais te faire une lettre ouverte, ou bleu (ahah, ouais je sais). Lettre ouverte disais-je, ouverte car tout le monde pourra la lire même si tu plafonnes pour le moment à 32 visionnages de ton profil alors que j'en suis à 73, ce qui veut dire que si je veux être lus par plus de 32 personnes, je devrais venir sur mon blog, mais comme je suis partageur et sympathique, je veux aider mon prochain à faire venir du monde, comme ça gratuitement, pour le plaisir, le bonheur, l'honneur de faire connaître des talents encore perdus dans les lymbes virtuelles d'un monde jamais autant mondialisé depuis la nuit des temps, et dieu sait pourtant que les jours ralongent et que les nuits se raccourcissent en ce moment, mais c'est un autre débat, que je ne peux déflorer un vendredi soir, c'est shabbat.

Que vais-je donc dire dans cette lettre ouverte qui n'a pas encore commencé, oui quoi? bah comme d'hab, rien je ne vais rien dire et pourtant je vais écrire, allez savoir c'est pas à mon âge que je vais changer, peut-être au tien, si la sagesse me prend enfin, mais pas la tête sinon ça risque pas d'arriver. Ouais je fais mon fierot, je fais mon coq, mais il ne pourrait en être autrement pour répondre à un post intitulé La poule, qui plus est, aux yeux d'or, cela ne s'invente pas. Merci pour ce jeu de mots, c'est gratuit, c'est pour chez toi, je suis comme ça, d'humeur chrétienne, pas charitable pour un sou, ni pour deux, mais pour bien plus évidemment, je ne suis pas encore débile.

Enfin il est maintenant 17h43, que faire à part faire exploser le blog de ce message ridicule, qui n'en finit pas, qui n'en veut pas finir, ils sont comme ça les vendredis après-midi, ils ne veulent jamaiis finir, et je trouvais complétement injuste, surtout pour ceux du dimanche, qui sont, force est de le reconnaître, beaucoup plus courts. Celui ou celle de cheval qui me dira le contraire sera bein avisé de ne pas me contredire sous peine de sentence jeannedaacquesque.

Bon il est maintenant venu pour moi le temps de conclure, et comme mon contenu, je dirai qu'il n'y a pas de conclusion qui pourrait honorer un tel message alors autant que faire se peut, je vais essayer de m'arrêter en plein milieu d'une phrase afin de laisser planer sur ce blog un suspense insoutenable, une tension sourde...

Voilà ce que je voulais dire, tout ça pour en arriver là, c'est tout de même bien triste de ne pas pouvoir vous dire clairement que

21/4/06 17:54  
Blogger So said...

Tout l'art d'écrire pour passer le temps, en une belle leçon de logorrhée par le spooner...
Allez, tant d'intensité dramatique mérite bien que je pense à mettre ton blog parmi mes liens, si tu prends la peine de l'alimenter un peu. Mais pour ta gouverne, sache qu'on peut lire un blog sans passer par le profil ou vice-versa, ce qui signifie que je ne me sens nullement amoindrie par le 73-32 que tu affiches ainsi comme la preuve éclatante que tu appartiens à la classe des winners (ce dont je ne me permettrai pas de douter, d'ailleurs). Si tu veux un jour je te donnerai mon secret pour connaître la fréquentation de mon blog, c'est dingue, il fallait y penser.
Bon week-end, bien le bonjour chez toi!

21/4/06 19:03  
Blogger The Spooner said...

Euh dis donc oui je veux bien savoir comment on fait pour ne passer par le profil, mais sache que je passe toujours par ton profil! et qu'en deux jours, et je ne dirai pas que mon message y est pour quelque chose parce que la modestie accompagne chacune de mes paroles, mais tu es ce matin à 53 visites...

24/4/06 09:52  
Blogger cml said...

pfffff. bande de stars.

25/4/06 10:06  

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