Voulez-vous danser grand-mère ?

Jusque là tout va bien. Sauf que mémé s'est visiblement prise d'un élan d'affection pour moi qui dépasse l'entendement, puisque tout ce que j'ai fait pour mériter sa sympathie est d'être une fille simple et d'avoir discuté avec elle de son chat pendant trois bons quarts d'heure. Et voilà qu'elle insiste pour que je remette le couvert ce dimanche, ce qui, aux dires du petit-fils, ne lui est pas coutumier (mais je le soupçonne d'être un peu jaloux, c'est sa grand-mère après tout).
Il me conseille vivement de trouver une parade pour ne pas m'y rendre. "Si tu viens, tu te mets de ton propre chef dans un engrenage que tu ne pourras plus maîtriser. Après, elle se sentira déçue à chacune de tes absences". Oui, je sais, moi aussi j'ai une grand-mère. Sauf qu'elle est loin. Et que le dimanche, de temps en temps, j'aime bien manger une tarte aux framboises en discutant psychologie féline. D'autant que la grand-mère en question, elle arrose ses quatre heures de champagne, ce qui est loin de constituer un mauvais argument.
Le fond du problème, finalement, c'est pas à moi qu'il se pose, mais bien plutôt au petit-fils, quand sa grand-mère évoque à mon sujet la transmission des bijoux de famille... Alors, ok, c'est promis, je vais nous sortir de cette situation délicate : ce dimanche, je trouverai un bon sujet philo, genre ontologie phénoménologique, et je jouerai l'ex khâgneuse blasée qu'a pas daigné faire Normale parce qu'elle trouvait ça trop galvaudé. Avec ma propension à m'la péter, ça devrait pas être trop dur pour moi (quoi, qui a dit que c'était un rôle de composition ? )