30 mars 2006

Y a quelqu'un ?

"Soleil ? Soleil! Soleil !!!! Ahhhhhhh !"
Je ne sais pas si ça marche, mais j'en peux tellement plus que j'ai décidé d'essayer les incantations. Il y a trop de gris partout, je crois que le ciel pourrait bien faire un effort pour nous sortir de là.

J'ai fini "Tendre est la nuit", hier soir, sur le trotoir et sous un réverbère (recours ultime quand la station de métro où l'on doit descendre se pointe à l'avant-dernière page). Me plonge directement dans "Lunar Park". Ecoute CocoRosie. N'arrive pas à me concentrer sur mon travail. Ai hâte d'être en vacances. Aller à la mer. A Paris, boire des bières en terrasse, sous les derniers rayons du soleil, après une journée de boulot riche mais tranquille. Voir les grandes feuilles vertes des maronniers qui bordent mon balcon repousser. Soleil, soleil, soleil...

27 mars 2006

A l'envers

Le week-end c'est galvaudé. C'est pour ça que je ne suis pas sortie, ni vendredi ni samedi soir derniers, et que la plupart du temps je travaille le week-end, pour aller à l'encontre des traditions (j'aime pas bien les traditions). Hier dimanche, la fin de l'après-midi s'est organisée gentiment autour d'un bon saint-nectaire, d'un saucisson aux noix et d'un petit vin ramenés du marché des terroirs qui s'était installé pour trois jours en bas de chez moi. Il faisait bon, la fenêtre ouverte, au vin rouge à 17h (de la nouvelle heure d'été !) Si bon qu'on n'a pas eu le coeur de s'arrêter... avant deux heures du matin, 4 bouteilles de vin et 6 bouteilles de bière plus tard... Et maintenant c'est lundi, je suis très conventionnellement au boulot et j'ai la tête à l'envers. Et accessoirement je me demande comment s'est passée la nuit de ma grande copine à la nouvelle coupe de cheveux.

24 mars 2006

La malédiction de la femme

Samedi dernier dans mon poste de télévision ( bah oui... cf post précédent...), Ardisson recevait un invité qui s'est fait remarquer en disant des conneries. Bon, c'est sûr, jusque là rien de nouveau. Sauf que le mec en question, il est allé un peu plus loin que la connerie. Je ne suis pas féministe, on me dit même parfois que je suis mysogine (je le fais exprès, ça passe mieux si c'est une fille). Mais le Eric Zemmour là, il y est allé un peu fort avec son "Premier Sexe". J'admets que profiter d'être sur un plateau télé pour bousculer la bienséance consensuelle, ça peut être marrant, qu'il y a forcément du bon à affirmer des choses que personne n'ose dire, que c'est couillu (tiens, justement) de mettre à l'agenda médiatique un vrai bon sujet de société.
Bon. Mais à la base, dire que la société se féminise, ok, c'est pas un scoop. En effet, il y a de quoi débattre sur le sujet, et c'est vrai qu'on subit parfois comme un héritage mal assumé certaines luttes féministes (très) mal menées. La féminisation des hommes, tout comme la masculinisation des femmes, c'est sûr que c'est pas une solution, sauf à atteindre une égalité homme-femme marchandée au milieu, et qui ne ressemble à rien. Ce qu'il nous faut au fond c'est une égalité homme-femme à géométrie variable (pas sûre que ce soit mathématiquement possible), dans le sens où chacun s'y prend comme il le veut par la suite, mais avec les mêmes choix à la base.
Alors faire de la féminisation de la société, comme le fait Monsieur Zemmour, une des explications fondamentales du "mal français", ouais... c'est sûr, ça va faire parler dans les chaumières. Le chômage, la violence dans les banlieues, l'antisémitisme, la démission parentale, tout ça c'est la faute de la montée en puissance des femmes dans la société !!! Ben oui... fallait y penser. Et puis l'homosexualité aussi, parce que c'est vrai que comme le chantait Régine "les femmes, ça fait pédé".
Et puis allez, tant qu'on est sur la lancée, on en rajoute un coup en sortant cette théorie qui à mon sens relève davantage du fantasme que du génie : "L'alternative pour un homme, c'est soit de respecter une femme, soit de la désirer. Un homme ne peut pas avoir de libido pour une femme qu'il admire." Ok, la maman et la putain, oui, oui, je vois bien ce que c'est. Mais je suis pas sûre qu'on progresse beaucoup là.

Je vais pas en parler sur des lignes et des lignes, d'autant que j'ai pas lu le bouquin. Voilà plutôt un extrait. Ca calme.

"C'est tout le paradoxe féminin.

Les femmes conduisent quand la vitesse est limitée ; elles fument quand le tabac tue ; elles obtiennent la parité quand la politique ne sert plus à grand-chose; elles votent à gauche quand la Révolution est finie; elles deviennent un argument de marketing littéraire quand la littérature se meurt ; elles découvrent le football quand la magie de mon enfance est devenue un tiroir-caisse.

Il y a une malédiction féminine qui est l'envers d'une bénédiction. Elles ne détruisent pas, elles protègent. Elles ne créent pas, elles entretiennent. Elles n'inventent pas, elles conservent. Elles ne forcent pas, elles préservent. Elles ne transgressent pas, elles civilisent. Elles ne règnent pas, elles régentent. En se féminisant, les hommes se stérilisent, ils s'interdisent toute audace, toute innovation, toute transgression. Ils se contentent de conserver.

On explique en général la stagnation intellectuelle et économique de l'Europe par le vieillissement de sa population. Mais Cervantes écrivit Don Quichotte à soixante-quinze ans; de Gaulle revint au pouvoir à soixante-huit, et le chancelier allemand Adenauer à plus de soixante-dix. On ne songe jamais - ou on n'ose jamais songer - à sa féminisation."

"Ben ouais les filles, c'est bien gentil tout ça, mais vous êtes arrivées à la bourre à chaque fois avec vos victoires de pacotille, vous êtes complètement à côté de la plaque, et vos idées de consensus, de paix et de boîtes de conserve, ça nous emmerde, c'est votre truc à vous ça !" Ok, je vois très bien ce qu'il a voulu dire, et pourquoi pas, le problème c'est que c'est très mal dit. Tellement que ça en devient bêtement macho.

En réaction je vais monter une asso pour la promotion de l'homme objet. J'en connais quelques uns qui sont d'accord pour être des objets sexuels. Héhéhéhéhé.

23 mars 2006

L'espace

Il faudrait que je finisse ce bouquin. Ca commence à faire des mois que je suis dessus, et j'en ai déjà lu trois (petits et faciles, certes) entre temps. Pourtant, l'histoire "de la décomposition d'un être fait pour être aimé", c'est plus que séduisant. Ca me parle. D'ailleurs le livre me plait et je suis enfin arrivée dans les 60 dernières pages (celles où la décomposition opère). Mais c'est dingue le temps que ça m'a pris. Peut-être que je n'ai pas suffisamment de temps à passer dans les transports en commun. Peut-être que des phrases comme "Les wagons du funiculaire sont construits selon une obliquité similaire à celle du chapeau d'un homme qui ne veut pas être reconnu" m'ont laissé dans un abîme de perplexité, duquel j'ai mis trop longtemps à me sortir. Peut-être (et c'est je crois la théorie la plus raisonnable), peut-être que mon appartement est trop petit, ce qui fait qu'inévitablement ma télé est trop proche de mon canapé et que les soirées seule chez moi où je devrais prendre du bon temps de lecture finissent invariablement en plateau-télé... Appauvrissement culturel contre temps de cerveau disponible. Ca me fait pas marrer de participer à ce système. J'aurais jamais dû prendre cette télé. Mais les premiers jours chez moi, il y a maitenant plus de deux ans, dans ce qui a été mon premier appartement à moi toute seule, après des années de collocation ou de vie à deux, ces premiers jours là ont été un peu durs. J'ai commencé par m'acheter une radio. Parce qu'au départ je n'avais même pas de musique et ce silence là était totalement ingérable. Et puis c'est vrai qu'il y a eu un soir ou deux où je me serais bien reposé les neurones devant un bon navet pour ménagère de moins de 50 ans. Ben oui, j'en suis après tout. C'est là que mon collègue, voyant ma mine dépitée après tant de nuits de solitude, m'a proposé gentiment de me prêter une petite télévision dont il ne se servait plus. J'y ai mis un cintre dans le dos en guise d'antenne, la réception est tellement bonne qu'on dirait qu'elle était faite pour chez moi. Et puis voilà. Maintenant les deux meubles les plus importants de ma "pièce à vivre", c'est le canapé-lit (le seul endroit pour s'asseoir chez moi, à part les chiottes) et ce poste de télévision.

Ce qui m'amène à la conclusion que voilà : il me faut déménager. C'est vrai que je les aime mes balcons, mais j'ai
aussi besoin d'espace à l'intérieur de chez moi. Et puis le balcon, je le pratique pas tous les jours non plus. Je voudrais un bureau où poser mon ordinateur pour écrire dessus, si l'envie me reprend. Je voudrais pouvoir changer mes meubles de place à chaque printemps, comme je le faisais dans ma chambre d'enfant. Je voudrais juste quelques mètres carrés de plus, aussi, pour pouvoir y mettre la piano que je souhaite m'offrir depuis 6 mois. Je suis victime d'une idée du confort qui me laisse croire que j'en ai besoin pour créer. Pour faire autre chose que cocooning-bouffe-télé. C'est vrai que cet appart m'avait plus, outre les balcons, parce que la cuisine y ressemble à quelque chose, avec un vrai plan de travail. Et la cuisine c'est important pour qui aime cuisiner. Mais je vais encore faire un caprice : je voudrais une cuisinère à gaz parce que c'est pas possible de faire cuire des pâtes sans que l'eau déborde de partout en bouillonnant sur les bords des plaques électriques. Et les pâtes fraîches, quand même, c'est ce qui va le mieux avec l'osso buco. Et pour avoir tout ça, je suis prête à renoncer à la baignoire. L'été j'irai me baigner dans la mer, c'est plus grand.

21 mars 2006

Trois balcons et un piano

C'est certainement un problème d'organisation, ou un truc en rapport avec la gestion des priorités, toujours est-il que je ne suis pas un modèle de régularité pour l'alimentation de ce blog. C'est vrai qu'il y a le boulot, les amis, l'être aimé, les cuites de milieu de semaine... tout un tas de choses qui sont, n'ayons pas peur des mots, terriblement chronophages. Sans compter que mon domicile adoré n'est pas pourvu de connexion sur le www. En revanche, et pour mon plus grand plaisir, il est doté de trois formidables petits balcons qui surplombent le boulevard du haut du 6° étage. L'année dernière, pour les beaux jours du printemps, j'ai fait l'acquisition d'une table pliante et de deux jolies chaises bleues pour meubler celui du milieu. Et dimanche dernier, parce qu'un soleil timide daignait y pointer quelques rayons, j'y ai remis le couvert pour un brunch des plus agréables. C'est à marquer d'une pierre blanche : dimanche 19 mars, premier déjeuner terrasse de l'année! Il en faut de l'imagination pour se sentir au milieu de l'espace, la veille du printemps, en plein centre de Paris. Mais là je dois dire que c'était le pied.
J'ai beau me trouver à l'étroit, parfois, dans mes 20 petits mètres carrés, il faut admettre que les balcons, ça compense bien. Ca me donne envie de faire comme cet idiot de DiCaprio à la proue du Titanic en gueulant "I'm the king of the world !!!!". Mais de l'autre côté de la balustrade, il y a le vide et j'ai un vertige d'attraction que je ne souhaite pas titiller. Ce monde cruel me va très bien, j'ai pas envie de finir étalée comme une crêpe par terre, merci.

Ca fait donc du bien de souffler un peu sur son balcon, un dimanche matin, et de profiter des derniers rayons avant la pluie. Et avant d'aller travailler tout l'après-midi. Ben oui. Encore un week-end qui n'en était pas vraiment un, si on admet qu'un week-end se définit généralement par un arrêt temporaire de travail qui revient tous les cinq jours. En même temps, est-ce que j'ai le droit de me plaindre ? J'ai eu la chance de signer un CDI à 24 ans, que du bonheur ! Ouais... parfois je me dis qu'il y en a quelques uns qui se plaisent à prendre tous les autres pour des cons. Et sans s'en cacher. C'est sûrement pas une nouveauté tu me diras, mais j'ai pas toujours été là pour le voir.

Le voisin du dessous répète son piano. C'est pas comme s'il répétait vraiment son piano, en faisant gentiment ses gammes, parce que le voisin du dessous est concertiste. Un professionnel. Parfois il répète avec son pote le violoniste et là c'est encore un "pur moment de plaisir intense". Mieux que quand tu te laves les cheveux avec Herbal essence. Je veux dire, ça fait longtemps que j'ai arrêté d'apprécier la première gorgée de bière comme quelque chose de magique, parce que la première appelle trop vite la deuxième et que je n'ai pas le temps de me rendre compte à quel point c'est bon (et pourtant il a raison Philippe, parfois c'est jouissif, vraiment). Alors mes trucs à moi, c'est le premier déjeuner sur le balcon et le voisin du dessous qui répète son piano.

Un jour dans mon 20 mètres carrés, je poserai un piano tout neuf, avec un vrai système numérique dans les tripes, et ce jour là ce sera encore meilleur que quand j'ai installé ma table et ses deux chaises assorties sur mon balcon du milieu.