Essayer c'est adopter
J'ai su que j'étais devenue une vraie fille samedi, quand j'ai dépensé un tiers de SMIC en quatre heures de shopping en solde.
Bon, en dehors du fait que le sentiment de culpabilité est arrivé bien après le plaisir compulsif de consommer, je me suis surtout reconnue fille quand je suis passée devant cette vitrine de magasin de chaussures. C'était la première fois que je me faisais appeler par mon prénom par une paire de bottes. Magnifiques. J'ai poussé la porte sans m'arrêter sur le prix, j'ai demandé à les essayer sans faire semblant d'hésiter entre deux modèles, et une fois que j'ai enfilé la première, j'ai su qu'elles étaient faites pour moi. C'est exactement le genre de réflexion que je m'étais promis de ne jamais faire : "Oh la la, mais on dirait qu'elles sont faites pour moi ces bottes !" Pétasse va. Sur ce, le vendeur gay en a rajouté en me confirmant que c'était un modèle très vendu, et qu'il en avait vu des floppées de filles essayer ces bottes, mais que sans mentir c'était la première fois qu'elles allaient aussi bien à quelqu'un, et regardez un peu la cambrure là, c'est superbe. Merde, ni une ni deux, j'ai même pas hésité, j'ai pris les bottes. Deux heures après j'avais aussi un nouveau manteau et deux jeans. Une journée au top sur l'échelle des acquisitions vestimentaires durables.
C'est vrai qu'avec cette somme, j'aurais pu m'offrir un bon séjour tout compris tout contre une plage de sable fin, et que ça me fait mal, parfois, et en vertu de mes principes moraux primaires, d'en être arrivée là. Mais ce serait vite oublié si seulement je m'étais pas réveillée dimanche matin, la gueule de bois et les bottes, portées si fièrement toute la sainte nuit, pleines de taches d'alcools indéfinissables. Personne aurait pu me dire que l'imperméabilisant, ça existe ? Ou mieux, que quand on sait bien -et c'est mon cas- que la soirée du samedi a toutes les chances de finir en dehors des frontières ténues de la dignité, on met sa vieille paire de converses qui ne craignent ni les embruns ni les pertes d'équilibre ? Ouais, bon, après tout ça m'apprendra. Je suis une vraie fille depuis peu... erreur de débutante.
N'empêche que la prochaine fois qu'on me supplie de porter des bottes, je mettrai des bottes de chasse, c'est imperméable et ça a le mérite de faire sauvage.
Bon, en dehors du fait que le sentiment de culpabilité est arrivé bien après le plaisir compulsif de consommer, je me suis surtout reconnue fille quand je suis passée devant cette vitrine de magasin de chaussures. C'était la première fois que je me faisais appeler par mon prénom par une paire de bottes. Magnifiques. J'ai poussé la porte sans m'arrêter sur le prix, j'ai demandé à les essayer sans faire semblant d'hésiter entre deux modèles, et une fois que j'ai enfilé la première, j'ai su qu'elles étaient faites pour moi. C'est exactement le genre de réflexion que je m'étais promis de ne jamais faire : "Oh la la, mais on dirait qu'elles sont faites pour moi ces bottes !" Pétasse va. Sur ce, le vendeur gay en a rajouté en me confirmant que c'était un modèle très vendu, et qu'il en avait vu des floppées de filles essayer ces bottes, mais que sans mentir c'était la première fois qu'elles allaient aussi bien à quelqu'un, et regardez un peu la cambrure là, c'est superbe. Merde, ni une ni deux, j'ai même pas hésité, j'ai pris les bottes. Deux heures après j'avais aussi un nouveau manteau et deux jeans. Une journée au top sur l'échelle des acquisitions vestimentaires durables.
C'est vrai qu'avec cette somme, j'aurais pu m'offrir un bon séjour tout compris tout contre une plage de sable fin, et que ça me fait mal, parfois, et en vertu de mes principes moraux primaires, d'en être arrivée là. Mais ce serait vite oublié si seulement je m'étais pas réveillée dimanche matin, la gueule de bois et les bottes, portées si fièrement toute la sainte nuit, pleines de taches d'alcools indéfinissables. Personne aurait pu me dire que l'imperméabilisant, ça existe ? Ou mieux, que quand on sait bien -et c'est mon cas- que la soirée du samedi a toutes les chances de finir en dehors des frontières ténues de la dignité, on met sa vieille paire de converses qui ne craignent ni les embruns ni les pertes d'équilibre ? Ouais, bon, après tout ça m'apprendra. Je suis une vraie fille depuis peu... erreur de débutante.
N'empêche que la prochaine fois qu'on me supplie de porter des bottes, je mettrai des bottes de chasse, c'est imperméable et ça a le mérite de faire sauvage.